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pauvre Tobias, qui, de sa vie peut-être, n’avait possédé bien ronde une somme de 1,000 livres, sa piété filiale, ses prétentions marchandes, tout ce qui le retenait, en un mot, lâcha pied brusquement : de l’œil il compta les billets épars sur la table, fit une rapide et amiable estimation du contenu de la bourse ; puis, avec l’air d’un homme qui voudrait qu’on le crût en proie à une insupportable contrainte. « Puisque vous le voulez, dit-il, j’accepte le marché, je vous donne même (sublime magnificence) l’étui et sa clef pardessus le marché. Seulement prenez bien garde que je ne réponds pas de ma marchandise ; si vous n’en avez pas soin, et que quelque chose se dérange, je ne me charge point des réparations. » Le prince avait une envie si profondément éveillée qu’il ne lui parut pas même possible que jamais la chance d’une avarie pût se présenter. Faisant aussitôt mettre son acquisition dans la boîte qui lui avait été si généreusement superoctroyée, il ordonna à son valet de chambre de la porter en son logis ; presqu’aussitôt il faussa compagnie au gouverneur et à son monde pour aller se mettre en jouissance, et pendant la nuit entière qui suivit, il n’y eut pas à cinquante toises à la ronde un