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Au moment où il se réveilla de ce long évanouissement, il commença par sentir une vive fatigue dans tous ses membres, comme s’il avait fait une longue route ; puis il eut grand peine à recueillir ses idées, afin de se rendre compte de ce qui lui était arrivé. A la fin cependant un souvenir lucide de toutes les choses de la nuit se dessina devant lui. La main agitée d’un tremblement qui ne le quitta plus, il s’approcha du lit, où le corps de sa mère était déjà froid et raidi. Il abaissa la paupière de ses yeux, en ayant soin que leur regard fixe ne rencontrât pas le sien ; puis, ayant couvert le visage, il eut peur ; car il lui sembla que l’angle facial qui se dessinait sous le drap blanc avait un air de reproche et le menaçait.

Depuis deux semaines environ, les restes mortels de Brigitta avaient été déposés dans la tombe, et même il s’était passé d’étranges choses lors de son enterrement ; car à chaque fois que, dans les prières, le prêtre avait eu à parler de l’ame de la défunte, les cierges qui brûlaient autour du corps s’étaient éteints d’eux-mêmes ; et bien des choses s’étaient dites touchant cette circonstance et plusieurs autres que l’on racontait. Témoin de ce phénomène, et tourmenté, dans son ame,