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elle était unie à l’enveloppe mortelle qui venait de finir son temps, l’ame s’était élancée pour retourner en haut ; forcée de suivre l’étroit conduit qui la cernait à sa sortie, elle avait couru pleine de détresse jusqu’au fond de l’espace qu’elle avait devant elle : elle se fût sans doute évadée dans le peu de temps que son bourreau avait mis à fermer sur elle le couvercle ; mais une effroyable industrie avait tout prévu. Les planches de sapin qui ombrageaient l’espace sur lequel s’accomplissait l’odieux mystère étaient les planches d’un cercueil fraîchement enlevé à la terre du cimetière. Quand l’ame s’était pressée pour sortir, elle avait eu horreur de cette atmosphère de mort qu’il lui fallait traverser, et elle s’était retirée en arrière ; alors Tobias était venu et il l’avait scellée dans sa prison, et il la tenait là pour s’en servir à ses volontés.

Il ne faut pas croire pourtant que ces épouvantables audaces puissent s’exécuter sans qu’il en coûte quelque chose à leurs auteurs ; car au moment où tout avait été accompli, Tobias était tombé à la renverse, frappé comme d’une puissante commotion électrique, et il était resté étendu à terre, sans connaissance, plusieurs heures encore après que le soleil se fût levé.