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»Marie, en me voyant, se jeta dans mes bras avec une effusion de sensibilité qui me toucha d’abord ; puis songeant à sa perfidie, je crus sentir les étreintes d’un serpent, et je fus près de la repousser : je me contraignis. Avec quelle admiration maternelle elle me parla de la beauté de nos enfans, de leurs grâces enfantines et de ses espérances  ! Comme je souffrais, monsieur, de tout ce qui, sans cette fatale circonstance, m’eût pénétré de bonheur ! Chaque battement de mes veines était une douleur ; chacune de ses paroles me frappait comme une blessure. Elle pleurait, tout agitée encore de la joie de mon retour, et comme je l’observais d’un air sombre, je crus découvrir dans son regard je ne sais quelle lueur étrange ; cet indice excepté, tout en elle respirait la tendresse et la candeur. Pour moi, je n’y voyais que ruse et déception. Elle m’amena ses enfans avec une allégresse et un triomphe de mère : il était impossible de conserver l’ombre d’un soupçon en la regardant ; mais elle se détourna, je l’épiai, et je la vis essuyer furtivement des larmes qui coulaient de ses yeux. C’était pour moi la preuve d’un remords qui se trahissait involontairement, le témoignage d’une angoisse secrète infligée par le repentir à