Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/168

Cette page n’a pas encore été corrigée

carrosse en carrosse, avec plus de verve que de bon ton ; et la cloche de l'Angélus retentissant sous ce beau ciel dont l’azur noir se fond dans une teinte d’émeraudes : belle et ravissante scène en vérité ! On l’a très-peu admirée et rarement décrite. Il est à la mode d’aller à Rome et à Naples ; la Sicile n’est pas encore fashionable.

J’admirais ce spectacle, et je m’étais appuyé, pour en mieux jouir, contre la muraille basse ornée de petits pilastres d’architecture sarrazine qui suit le rivage de la mer, et présente aux promeneurs fatigués une longue et commode banquette de marbre fruste et usée depuis des siècles. Je m’assis sur ce banc. L’air maritime soufflait dans mes cheveux ; la mobile scène passait devant moi.

Un capucin à longue barbe vint prendre place à mes côtés. Il avait l’air souffrant, son extérieur était plutôt triste et simple que dévot et humble. On lui aurait donné cinquante ans, et on l’aurait pris pour un ancien militaire. Sa physionomie n’était pas sicilienne. Au lieu de se contracter avec une mobilité presque convulsive, elle était froide, sévère, résignée. Vous avez rencontré dans votre vie de ces traits heureux qui appellent