Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée

de leur éternité, ils la faisaient horriblement souffrir en se l’arrachant entre eux, pour savoir qui aurait l’honneur de la présenter à leur illustre seigneur et roi.

Or Satan était assis dans toute sa gloire sur un trône emblématique, dans lequel il avait pris plaisir à parodier tous les trônes de la terre ; sa forme était, j’en demande humblement pardon à l’honorable lecteur, celle d’une chaise percée. Son front, jaune et cuivré, était sans cesse agité par un tic nerveux, et sa bouche, qui s’entrouvrait pour sourire, laissait voir dans une profondeur infinie deux rangées de dents blanches qui ne ressemblaient pas mal aux longues colonnades d’un temple antique.

— Une âme ? dit Satan.

— Oui, maître, répondirent les suppôts.

— Âme, qu’as-tu fait ? reprit le grand monarque.

— J’ai dansé, répondit l’âme, si bien que mon père en est mort, et le Seigneur mon Dieu (ici Satan