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« Mais elle n’a pas de paupières ! » s’écriait Muirland.

On lui riait au nez, on prétendait que la fièvre le poursuivait encore ; personne, si ce n’est le fermier, ne s’apercevait de cette étrange particularité.

La nuit vint : c’était pour Muirland la nuit des noces, car jusqu’à ce moment il n’avait été mari que de nom. La beauté de sa femme l’avait ému, bien que selon lui elle n’eût pas de paupières. Il se promenait donc de braver résolument sa propre terreur, et de profiter au moins de la faveur singulière que le ciel ou l’enfer lui envoyait. Nous demandons ici au lecteur de nous concéder tous les priviléges du roman et de l’histoire, et de passer rapidement sur les premiers événemens de cette nuit ; nous ne dirons pas combien la belle Spellie (c’était son nom) paraissait plus belle encore dans ses nocturnes atours.

Muirland s’éveilla, rêvant qu’une clarté subite du soleil illuminait tout à coup la chambre basse où était placé le lit nuptial. Ébloui par ces rayons ardens, il se lève en sursaut et voit les yeux éclatans de sa femme tendrement fixés sur lui.