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toute sa force, ce qui est toujours signe qu’un mauvais esprit est voisin. Le vent fraîchissait ; les tiges des joncs balancés rendaient un triste et long murmure. Toutes les femmes commençaient à parler du retour ; elles avaient d’excellentes raisons, des réprimandes pour leurs maris et leurs frères, des conseils de santé pour leurs pères, et une éloquence de ménage à laquelle, hélas ! nous autres rois de la nature et du monde, nous résistons bien rarement.

« Eh bien ! qui de vous se présentera devant le miroir ? » s’écria Muirland.

On ne répondait pas…

« Vous avez bien peu de cœur, continua-t-il. Le souffle du vent vous fait trembler comme le saule. Quant à moi qui ne veux plus prendre de femme, comme vous savez, parce que je veux dormir, et que mes paupières refusent de se fermer dès que je suis mari, il m’est impossible de commencer le charme. C’est ce que vous sentez aussi bien que moi. »

A la fin, personne ne voulant saisir le miroir, Jock Muirland s’en empara. « Je vais vous donner l’exemple. »