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charme nouveau. Les spunkies recommençaient à se mouvoir au milieu des joncs agités. Les jeunes filles tremblaient. La lune, qui avait monté dans le ciel, se couvrait d’un nuage. On fit la cérémonie du pot de terre, celle de la chandelle soufflée, celle de la pomme, grandes conjurations que je ne dévoilerai pas. Willie Maillie, une des plus belles entre ces jeunes filles, plongea trois fois son bras dans l’eau de la Doon, en s’écriant : « Mon époux futur, mon mari qui n’es pas encore, où es-tu ? Voici ma main. » Trois fois le charme avait été répété, lorsqu’on l’entendit pousser un grand cri.

« Ah ! bon Dieu ! le spunkie a saisi ma main, s’écria-t-elle. » On s’empressa près d’elle, et tout le monde frémit, excepté Muirland. Maillie montra sa main tout ensanglantée ; les juges des deux sexes, qu’une longue expérience rendait habiles dans l’interprétation de ces oracles, convinrent sans hésiter que l’égratignure n’était pas causée, comme le prétendait Muirland, par les pointes d’un jonc épineux, mais que le bras de la jeune fille portait réellement l’empreinte de la griffe aiguë du spunkie. On reconnut