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savoureux. Le temps est beau ; la lune doit briller ; camarades, les ruines de Cassilis-Downaus n’auront jamais vu d’assemblée plus joyeuse ! »

Ainsi parlait Jock Muirlaud, fermier, veuf et jeune encore. Il était, comme la plupart des paysans d’Écosse, théologien, un peu poète, grand buveur, et cependant fort économe. Murdock, Will Lapraik, Tom Duckat, l’entouraient. La conversation avait lieu près du village de Cassilis.

Vous ne savez sans doute pas ce que c’est que l’Hallowe’en : c’est la nuit des fées ; elle a lieu vers le milieu d’août. Alors on va consulter le sorcier du village ; alors tous les esprits follets dansent sur les bruyères, traversent les champs, à cheval sur les pâles rayons de la lune. C’est le carnaval des génies et des gnomes. Alors il n’y a pas de grotte ni de rocher qui n’ait son bal et sa fête, pas de fleur qui ne tressaille sous le souffle d’une sylphide, pas de ménagère qui ne ferme soigneusement sa porte, de peur que le spunkie[1] n’enlève le déjeuner du lendemain, et ne

  1. Lutin.