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743. Hors du temps (voulu), le soleil ne s’élève pas sur l'horizon. Hors du temps (voulu), il ne va pas (se coucher derrière) la montagne Asta. Hors du temps (voulu), la lune ne décroît ni ne s’accroît, pas plus que l’Océan aux grandes vagues.

744. On attribue à ce sujet, ô Youdhishthira, un ancien chant au roi Senajit, tombé dans le malheur, (et qui s’exprimait ainsi).

745. « L’inévitable écoulement du temps atteint tous les (êtres) mortels sans exception. Certes, toutes (les créatures) terrestres, mûries par le temps, (finissent par) mourir.

746. Il y a, ô roi, des hommes qui tuent et d’autres qui sont tués. Voilà (du moins) ce que pense le monde, mais, ô roi, (en réalité), nul ne tue, nul n’est tué.

747. Quelques-uns pensent qu’on tue et d’autres (estiment) qu’on ne tue pas. (Mais) l’origine et la fin des êtres sont la conséquence de leur nature.

748. Quand on a perdu sa fortune ou son épouse, quand un fils ou un père est mort, on s’écrie : « Ah ! malheur ? » En agissant ainsi, on accroît cette peine.

749. Pourquoi te lamentes-tu dans ta folie ? Pourquoi pleures-tu avec ceux (que tu trouves) à plaindre ? Vois ! Dans les peines (auxquelles on pense), sont de (nouvelles) peines, comme dans les terreurs (que l’on se rappelle), sont de nouvelles terreurs.

750. Ce moi n’est pas à moi, pas plus que toute la terre. Tout est aussi bien aux autres qu’à moi. Eu raisonnant ainsi, (l’esprit) ne s’égare pas.

751. Chaque jour, des milliers de sujets de peine et des centaines de sujets de joie visitent le fou, mais non l’homme intelligent.