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275. Alors, on entendit un grand bruit dans toutes les demeures des Kourouides. Tous, jusqu’aux enfants, étaient dévorés de chagrin.

276. Ces femmes qui, jadis, n’étaient pas même visibles aux troupes divines, maintenant que leurs maîtres étaient morts, (se laissaient) voir par le bas peuple.

277. Leurs splendides cheveux épars, ayant dépouillé leurs ornements, les femmes, revêtues d’un seul vêtement, couraient de côté et d’autre, à la manière de ceux qui ont perdu leurs protecteurs.

278. Elles abandonnaient leurs demeures aussi belles que Çvetaparvata (la montagne blanche), pareilles à des gazelles dont le chef du troupeau est tué, qui quittent les cavernes des montagnes.

279. Alors, ô roi, ces nombreuses troupes de femmes, excitées, en proie à la douleur, couraient comme des bandes de pouliches dans un enclos.

280. Étendant les bras, poussant des gémissements sur leurs fils, sur leurs frères et sur leurs pères, elles figuraient en quelque sorte la (scène de désolation de) la destruction du monde, à la fin du youga ;

281. Se lamentant, pleurant et courant de côté et d’autre, le chagrin leur ayant enlevé le jugement, elles ne discernaient plus ce qu’il convenait de faire.

282. Les jeunes femmes qui, jadis, rougissaient de pudeur (devant) leurs amies mêmes, se présentaient sans honte, couvertes d’un seul vêtement, devant leurs belles-mères.

283. Elles s’encourageaient (jadis) mutuellement dans leurs petits chagrins ; (mais) maintenant, agitées par la douleur, elles évitent même de jeter les yeux les unes sur les autres.