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2374. Le mouni irrité, lui dit : « Amène vite (ici) Vaçishha, que je le tue. » La rivière, épouvantée en entendant cet (ordre),

2375. Ayant cependant fait l’añjali, avec des yeux semblables à des lotus, trembla d’effroi, comme une liane agitée par le vent.

2376. Le mouni la voyant dans cet état, dit à la grande rivière : « Amène moi Vaçishtha sans (d’aussi) longues considérations. »

2377. En entendant ces paroles, elle comprit ses cruelles intentions. Sachant que la puissance de Viçvâmitra était incomparable sur la terre,

2378. La meilleure des rivières alla trouver Vaçishtha, et lui exposa l’affaire dont l’avait entretenue le sage Viçvâmitra ;

2379. Craignant la malédiction de tous les deux, elle tremblait continuellement. Elle avait, (aussi), grand peur des rishis, en songeant aux puissantes imprécations (qu’ils pouvaient prononcer contre elle).

2380. En la voyant abattue, sans couleur, soucieuse, ô roi, le sage Vaçishtha, le premier des hommes, lui dit :

2381. Vaçishtha dit : « Ô la meilleure des rivières, au courant rapide, emporte-moi vite, car Viçvâmitra te maudirait. N’hésite pas, protège-toi toi-même. »

2382. Après avoir entendu ces paroles de cet homme au cœur compatissant, la rivière, ô Kourouide, réfléchit sur la manière de s’y prendre pour agir convenablement.

2383. Cette pensée naquit en elle : « Certes Vaçishtha a eu grand pitié de moi. Je dois toujours faire ce qui lui est profitable. »

2384. Et, ô roi, ayant vu sur la rive le plus grand des