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avec tristesse, il me regarda. Moi aussi je le voyais, pleurant et seul, sur le champ de bataille.

1611. Pendant un instant, il ne put pas me parler, à moi qui (de mon côté étais) dévoré de chagrin. Alors, je lui racontai tout ce qui concernait ma captivité,

1612. Ma délivrance, et comment la vie m’avait été accordée, grâce à Dvaipâyana. Après avoir réfléchi un instant et repris conscience (de lui-même),

1613. Il m’interrogea sur ses frères et sur toutes les armées . Je lui racontai tout (ce qui était arrivé, et dont j’avais été) témoin oculaire :

1614. Tous tes frères sont tués, l’armée est détruite. Trois de tes chars existent encore, ô maître suprême des hommes (lui dis-je).

1615. Voilà ce que me dit Krishna dvaipâyana au moment de mon départ. Ayant longtemps soupiré et m’ayant regardé à plusieurs reprises,

1616. Ce (prince), ton fils, me toucha de la main et me dit : Nul autre que toi ne survit au combat, ô Sañjaya.

1617. Je n’en vois pas un second ici-bas, (de mon côté), et les fils de Pândou sont réunis à leurs compagnons. Sañjaya, tu peux dire au roi, au maître aveugle :

1618-1620. Douryodhana ton fils, entré dans l’étang, (parla) ainsi : Quel est donc celui qui, placé dans ma position, pourrait vivre, privé de tels amis, de ses fils, de ses frères, et la royauté venant de lui être enlevée par les fils de Pândou ? Tu peux lui dire tout cela et (lui apprendre) que, échappé vivant, (mais) grièvement blessé dans la grande bataille, (je me suis) caché dans un étang. Puis, ayant ainsi parlé, il entra dans ce grand étang, ô puissant.