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REINE D’ARBIEUX

pela une fois, puis une autre encore, et la tint longtemps embrassée :

— Pardonne-moi !

Son visage était brûlant et mouillé de larmes.

Huit jours après, le mariage de Germain Sourbets et de Reine était annoncé.


V


Ils avaient été en voyage de noces dans les Pyrénées et étaient rentrés le lundi de Pâques, à la nuit tombée. Reine se sentait toute grisée d’air. Elle venait de cueillir une botte de genêts à la lisière d’un bois. Près de Langon, une panne les avait arrêtés. Elle s’était assise sur un talus, regardant Germain accroupi sous la voiture, des jurons aux dents ; sa grossièreté lui faisait une sorte de mal physique, mais il fallait se taire, patienter ; et elle avait eu l’air de ne rien entendre, les yeux au loin, discrète, silencieuse, ses fleurs dans les bras.

La petite maison où ils allaient vivre, à cinq cents mètres de la papeterie, n’était pas prête. Le salon sentait la peinture et des toiles avaient été étendues sur le plancher maculé de plâtre. Dans le corridor, Sourbets se cogna à une échelle : il s’emporta. Tout cela aurait dû être fini. Il laverait