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REINE D’ARBIEUX

l’ombre légère restait sous ces arbres. Et lui aussi, sans doute, n’était-il plus celui qu’elle avait aimé !

La lumière mourait sur les prés, et déjà les vapeurs veloutées du soir d’été noyaient le vallon. Régis comprenait qu’il fallait partir, s’attardait encore. Jamais il n’avait senti si profondément quelle fatalité, faite des conditions de leur vie, et aussi des dispositions intimes de leur cœur, s’était glissée dans leur destin pour les séparer. Mais tout entre eux était beau et pur. Il aurait voulu pro­longer cette heure ; revivre en silence ce temps de l’enfance, de la jeunesse, nappe souterraine vers laquelle le voyageur las de la route peut à toute heure tendre ses lèvres.

— Nous vous reverrons, n’est-ce pas ? dit Clé­mence, qui l’accompagna jusqu’à la route.

Il enveloppa d’un regard les allées tournantes bordées de noisetiers, les fusains où s’éteignait un dernier rayon, tout ce jardin envahi d’ombre, de vétusté, que le souvenir avait enchanté.

— Oui, dit-il, je reviendrai.



Le Casin, novembre 1926 — 3 octobre 1927.





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