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REINE D’ARBIEUX

— Mon Dieu, répétait-elle, comme si elle eût imploré quelque obscur miracle.

Est-ce que cela durerait toujours ? N’était-ce pas accablant qu’il fût impossible de faire la preuve de la vérité ? Elle aurait voulu revoir Germain. À quoi bon ! Ce qu’elle dirait, il ne le croirait pas. Alors même qu’il eût essayé de pardonner, est-ce qu’il l’aurait pu, possédé comme elle l’avait toujours vu par sa jalousie, esclave du soupçon qui était dans son cœur et dans sa chair.

Ainsi songeait-elle, sans savoir quelles forces les rapprochaient. Sourbets n’avait pas voulu faire une entrée bruyante ; il avait laissé son auto neuve dans le chemin encaissé de haies, arrivait à pied.

Devant la maison, il ne vit personne. Il ouvrit la porte qui donnait sur le perron, aperçut Reine assise sur une chaise basse. Elle avait la tête appuyée à un haut dossier. Immobile, ses bras nus allongés sur ses genoux, elle donnait l’impression d’une tristesse muette et désespérée.

Était-ce parce qu’elle avait maigri qu’il éprou­vait ce saisissement, ce coup sourd au cœur ?

Il l’appela :

— Reine !

Elle se retourna d’un geste rapide et sembla frémir tout entière ; puis se ressaisit, très pâle, et soutint son regard de ses yeux brillants.

— Ah ! dit-elle, je pensais à vous.

Elle s’était levée, sans aller au-devant de lui, ses