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REINE D’ARBIEUX

« Tout cela est bien extraordinaire, » chucho­tait la sous-préfecture.

Les dames venues aux informations avaient trouvé Mme de la Brèche dans sa bergère, devant son métier. Elle leur avait répondu sur un ton paisible : « Sa nièce était un peu souffrante et se reposait chez elle pendant quelques jours. » Tant de dignité ne trompa personne, mais les indiscrets eurent l’impression de revenir bredouilles. Il fallut se rabattre sur le vieil adage, du feu et de la fumée. La rumeur publique s’apaisait.

Il y avait, par contre, un foyer de mécontente­ment à La Font-de-Bonne. L’irritation de Mme Fon­despan s’était retournée contre sa sœur. Déjà, lors­que Dutauzin avait fait auprès d’elle une démarche, avec la mort sur son visage, pour lui rapporter les bruits qui couraient en ville, son premier mouve­ment avait été de défendre Reine. L’esprit de famille chez elle était impérieux. De même qu’elle avait recueilli l’orpheline, après la mort d’Arthur d’Arbieux, pour la tirer d’une situation fausse et la remettre dans son milieu, elle ne pouvait admettre sur son compte des suppositions malveil­lantes. S’il y avait à ces propos quelques fonde­ments, elle préférait rejeter les torts sur Germain. Encore attendait-elle que quelqu’un lui apportât des preuves ! Contrairement à ses habitudes, elle traita son cousin de haut et le confondit en lui apprenant que Sourbets était venu la veille lui rendre visite.

Dutauzin avait battu en retraite.