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REINE D’ARBIEUX

verre d’eau ; une sorte de plainte s’élevait dans l’ombre.

Elle dit seulement :

— Chérie… ma chérie !

Reine s’était soulevée.

— Tu sais, commença-t-elle, j’avais eu tout de suite l’idée de venir ici… Je suis malheureuse !

Clémence la serrait avec tendresse, la tenait embrassée.

— Comment, répétait la jeune femme, tu m’attendais !

Elle respira profondément ; et soudain s’éveilla en elle l’impression qu’elle était vraiment arrivée à l’abri, au port, ayant lutté à travers tout pour rester digne de ce refuge.

Mme de la Brèche s’était retirée. Une pénombre douce régnait dans la chambre. Reine aurait voulu dire sa honte, sa pitié d’elle-même, et que les événements l’avaient débordée. Elle ne pouvait pas. À présent qu’elle n’avait plus besoin de se surmonter, des rafales de chagrin la secouaient. Mais, au-dessus d’elle, il y avait le visage penché qui versait la paix ; et, entre les moments où sa douleur faisait tumulte, comme rythmée par des accalmies, des temps d’arrêt, Reine respirait ce souffle vivant qui remplissait tout le silence.

Pendant les semaines qui suivirent, un mystère plana sur La Renardière. Reine, disait-on, était très malade.