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REINE D’ARBIEUX

équivoques ? Cette nuit seulement, j’ai vu, j’ai compris… ce que vous veniez de faire m’avait éclairée.

Il jeta le masque :

— Malheureusement pour vous, c’est trop tard !

L’idée lui venait que la manière forte seule pouvait réussir, et qu’il avait tort de manœuvrer, de lui laisser l’impression de la liberté, alors qu’elle ne pouvait plus faire machine en arrière.

Elle s’était accoudée au bras du fauteuil, sur la défensive. Il n’y avait plus trace de larmes sur sa figure ; tout en elle était résolu, lavé d’émotion.

— Trop tard ? interrogea-t-elle, que voulez-vous dire ?

Et comme il la transperçait, immobile, d’un regard méchant :

— Il n’y a pas de lien entre nous. Je ne suis, n’est-ce pas, ni votre femme, ni votre maîtresse.

Le sourire grimaça de nouveau sur le visage maigre, comme affamé, aux pommettes aiguës :

— Vous ne l’êtes pas… À qui le dites-vous ? Mais tout le monde croira que vous l’êtes. Ce que vous m’avez donné, ou bien que j’ai pris, c’est votre réputation, votre honneur ! Cela, vous ne pouvez pas me le reprendre. Tant pis si je n’avais pas le choix des moyens ! Que vous le vouliez ou non, vous resterez celle qui s’est enfuie pour me rejoindre.

Elle l’interrompit :

— Ce n’est pas vrai !

— Qu’importe ! Tout le monde le croira. Passion ?