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REINE D’ARBIEUX

l’avaient tourmentée. Savait-elle, en l’épousant, qui était Germain ? Cette famille dans laquelle on l’avait poussée, qui donc autour d’elle s’était inquiété de la mieux connaître ? Toutes les insinuations qu’Adrien avait su répandre dans son esprit faisaient lever des sentiments de révolte amère.

Elle s’assoupit, crut entendre des coups frappés à la porte, puis se réveilla. Sur la petite table de chevet, sa montre marquait huit heures moins un quart. Elle passa la main dans ses cheveux, revécut brusquement sa vie. Tant de luttes, mon Dieu, pour arriver là ! Pour tomber toujours un peu plus bas dans le découragement et dans la détresse !

« Vous pouvez penser ce que vous voudrez, » avait-elle crié à Germain. Mais maintenant qu’elle se savait salie dans son cœur et dans sa pensée, elle ne voulait plus rester dans cette maison. Il était trop tard pour revenir en arrière. Tout était perdu. À dévisager ce qui l’attendait auprès de lui d’injures et d’humiliations, elle sentait une fièvre intolérable brûler tout son corps. Non, elle n’attendrait pas d’être chassée honteusement comme il aurait fait d’une femme perdue. Déjà elle était debout, s’habillait en hâte, prenait follement une résolution. Quitter la nuit le domicile conjugal, n’était-ce pas s’avouer coupable ? Elle n’y pensait pas. La fenêtre de sa chambre s’encadrait dans la glycine à un mètre seulement au-dessus du sol ; elle l’ouvrit, respira une grande gorgée d’air, se laissa