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REINE D’ARBIEUX

ruine, derrière le chevet de l’église, fut réparé, et la grille repeinte en noir tous les ans.

Si elle se taisait sur son mari, ayant enterré avec lui toute une vie d’ennuis conjugaux, Mme  Fondespan ne s’était jamais lassée de blâmer son frère, l’aimable et ardent Arthur d’Arbieux, de faible santé, à moitié artiste, qui avait, disait-on, gâché sa vie, et représentait un certain type d’humanité romanesque que les familles provinciales ont toujours eu en exécration. Son crime avait été d’aimer d’amour et d’épouser une femme rencontrée hors de son milieu, que personne des siens ne voulut connaître, et qui était morte, en pleine jeunesse, d’une rougeole prise à leur petite fille. Était-ce le chagrin qui avait dévoré Arthur d’Arbieux ? Ou était-il déjà atteint de la maladie de poitrine qui, en quelques mois, devait l’emporter ? Ce fut sa destinée d’étonner, une dernière fois, sa famille hostile et soupçonneuse par sa fin rapide. Mme  Fondespan avait élevé sa fille Reine qui venait d’at­teindre ses dix-huit ans.

Les d’Arbieux avaient eu dans le pays de vastes domaines qui, peu à peu, s’étaient divisés. Si le château ruiné de Sauros, qui présentait de l’autre côté du vallon ses grands bâtiments zébrés de lézardes, qu’épaulaient des tours surchargées de lierre, ne leur appartenait plus depuis la Révolu­tion, une sœur de Mme  Fondespan, ayant épousé le comte de la Brèche, de la plus ancienne noblesse du pays, avait reçu en dot, avec quelques terres, le castel de La Renardière, adossé à une sapinière,