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REINE D’ARBIEUX

— Un accident… il n’y a rien de plus réparable.

Il se reprit. La malade avait une petite santé, de l’anémie, les nerfs très sensibles…

— Mais rien d’inquiétant, interrompit Germain qui soufflait comme un homme oppressé. Qu’elle se soigne donc une bonne fois !… Je ne peux pas comprendre, répéta-t-il, revenant à son idée fixe ; et il s’immobilisa contre la porte du salon, la tête baissée, ruminant des pensées qui faisaient monter le sang à ses joues.

« Ah ! les femmes, » gronda-t-il soudain, terrassé par le sentiment que ces êtres faibles et compliqués lui demeuraient incompréhensibles ; et il eut le geste de l’homme qui renonce. Elle pourrait bien faire maintenant à sa volonté.

Il s’effaça enfin devant le docteur, gêné que ce médecin de la famille fût précisément l’oncle de Régis. Il eût préféré quelqu’un qui ne le connût pas, qu’on n’aurait jamais rencontré ensuite.

Le jour se levait. L’orage avait éclaté après minuit. La campagne sentait la pluie et le bois. Germain couvrit d’un regard brûlé de fatigue son auto échouée au bord de la route, comme une épave. Ah ! il n’oublierait jamais la nuit qu’il avait passée. Quel bouleversement depuis la veille où il avait dû ramener en hâte Reine gémissante ! Que d’allées et venues pour prévenir le docteur et la sage-femme ! En ces heures où sa voiture, à une allure folle, dévorait la route, il avait eu la sensation grisante de la lutte. Une hâte fébrile le précipitait sous le ciel sillonné d’éclairs. À faire