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REINE D’ARBIEUX

et des habitudes de soumission, de passivité remontaient en elle, l’accablant sous l’idée qu’elle serait toujours, quoi qu’il arrivât, misérable et sacrifiée.

— Comme vous voudrez !

Plus tard, elle devait se rappeler cet instant, se désespérer. Était-ce sa faute ? Ou bien une fatalité inexorable la poussait-elle à faire toujours ce qu’elle avait le plus redouté ? À quoi bon ces pressentiments qui l’avertissaient, puisqu’elle était ainsi impulsive et faible, destinée en définitive à être vaincue. Tout en s’habillant, en faisant son sac, l’idée lui vint qu’elle n’avait dans sa vie jamais rien choisi : elle cédait, elle était poussée. Sa tante, son mari, son entourage, lui paraissaient des êtres d’une race différente, aussi fortement armés pour triompher qu’elle-même était démunie. Lorsqu’on insinuait chez les Dutauzin qu’elle était bien la fille de son père, était-ce cela qu’on voulait dire ?

Germain la rejoignit dans sa chambre un moment avant le départ.

— Dites, vous emportez vos bijoux ?

Elle leva vers lui un regard surpris.

— Vous savez bien que je n’assisterai pas à la course.

Il voulait tout de même qu’elle mît ses diamants. « Puisqu’elle les avait ! Si elle n’en profitait pas, autant aurait valu ne pas les lui donner. » Il exigea aussi qu’elle changeât de robe. Sans se l’avouer, il souffrait de la voir enlaidie ; la pre-