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REINE D’ARBIEUX

odeur de chaux et de paille mouillée qui était l’odeur de la papeterie. Un jeune garçon poussait sur des rails un wagonnet. Sourbets l’arrêta, lui dit quelques mots. Mais son visage basané avait l’expression tendue de l’homme qui guette. N’était-ce pas pour surprendre Adrien qu’il était venu plus tôt que de coutume ? À aller ainsi, d’une porte à l’autre, d’un pas déjà lourd, les épaules puissantes dans sa veste de chasse déformée aux poches, il inspirait une sorte de terreur.

— À sept heures et demie, s’il n’est pas là, son affaire est réglée. L’exactitude, il n’y a que ça. Du temps de mon père, les employés n’auraient pas osé en prendre à leur aise.

Dans le magasin où le gros papier jaune était mis en balles, pour l’exportation, il se trouva soudain en face d’Adrien. Assis à l’extrémité d’une longue table, il prenait des notes sur un calepin et s’arrêtait de temps en temps, le regard froid, pour interroger deux femmes en foulard qui coupaient des feuilles. Comme Germain entrait, il se souleva sur sa chaise et le salua sans s’interrompre, d’un signe de tête.

Deux hommes commençaient à transporter les rouleaux et les colis, qui encombraient le fond de la salle basse et peu éclairée.

— À quelle heure charge-t-on ? demanda brusquement Germain.

— Cet après-midi, à la gare. Les deux wagons sont retenus. Tout cela doit partir par le train de trois heures.