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ne peuvent s’exercer aux choses de la politique, qu’en recherchant et en analysant les erreurs de leurs prédécesseurs et de leurs contemporains, et non en agissant par eux-mêmes.

Nous devons dire aussi quelques mots des appréciations sur Bakounine, que l’on rencontre si souvent dans la presse étrangère. Ainsi, on le représente comme l’ennemi acharné des Allemands et on attribue cette animosité au chauvinisme russe que recèle son socialisme. Aussi lui donne-t-on volontiers le titre de « père du nihilisme » russe et, récemment celui de « père de l’anarchisme. »

La source de l’irritation des Allemands contre Bakounine doit être recherchée dans sa participation au congrès des Slaves, en 1848, qui, dans le temps, inspirait une véritable haine à tous les Allemands. De là l’attitude de la presse allemande indépendante, vis-à-vis de ce Russe. Cependant, il faut observer que la question qui avait tant agité les Allemands et surtout les Slaves, en 1848, est résolue par l’histoire, spécialement par l’histoire allemande, dans le sens correspondant plus aux désirs des Slaves, en 1848, qu’à ceux des Allemands. Depuis 1866, époque à laquelle l’Autriche se sépara de l’Allemagne avec toute la population slave, l’égalité des droits politiques des différentes nationalités qui la composent, volens nolens, prit un développement marqué, et il n’y a pas de doute que son organisation politique ne se rapproche bientôt du type suisse.

Tandis que certains slavophiles russes s’inclinaient devant l’orthodoxie et le tzarisme, les autres regar-