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« Je pris alors congé de lui et quittai Locarno. »


Bien que les documents nous manquent pour porter un jugement définitif sur Bakounine, nous nous permettrons d’observer, en terminant cette esquisse biographique, que l’appréciation de Biélinski que nous avons prise comme épigraphe, est peut-être, la plus heureusement trouvée.

Nous voyons en Bakounine un type viril de Russe actif, qui, dans les années dites « quarante », comme à l’époque ultérieure, a lutté presque seul sur le terrain de la politique. Il va sans dire, que dans l’appréciation d’une action énergique, on doit prendre en considération, non seulement l’énergie déployée, mais encore le sens de cette action et l’utilité qui en ressort. D’ores et déjà on peut dire que, dans bien des moments marqués de son activité, il a plutôt nui à la cause qu’il croyait servir. Pourtant, il ne faudrait pas l’attribuer uniquement au caractère personnel de Bakounine, mais tenir compte aussi des conditions de la vie politique en Russie. La direction raisonnée de l’énergie et l’habileté en politique, sont des choses qui ne supportent pas l’improvisation, on ne peut y arriver que par une longue pratique de la vie politique et par l’expérience, acquise au prix des efforts de plusieurs générations successives, de même qu’on ne peut apprendre à nager qu’en se jetant à l’eau.

Où donc trouverait-on en Russie une école, où Bakounine eût pu apprendre la natation politique ? Comme la liberté politique la plus élémentaire y fait défaut encore aujourd’hui, les citoyens de ce pays