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montrer. Les révolutionnaires italiens l’avaient acquise dans le but d’y créer un lieu de refuge, en même temps que pour assurer la position de Bakounine à Locarno. Comme propriétaire, il ne pouvait être expulsé du canton, lors même que le gouvernement italien l’eût demandé ; ce qui était à craindre, ledit gouvernement ayant déjà eu vent de la participation de Bakounine aux menées révolutionnaires.

« Nous traversâmes obliquement la baie et nous nous approchâmes du bord, qui s’élevait en rocs escarpés, couverts de broussailles. La route de Locarno fuyait le long du lac ; au-dessus, on voyait des campagnes. Nous montâmes la falaise abrupte par un étroit sentier et, par une petite porte, nous entrâmes dans la propriété. Maison d’un étage aux murs décrépits. La face donnant sur le lac, était plus haute que celle de derrière, ainsi qu’il arrive pour toutes maisons bâties sur une pente. Les épaisses murailles de cette vieille bâtisse, qui me semblait fort peu habitable, lui donnaient l’aspect d’un petit fort.

« Lorsque nous pénétrâmes dans l’intérieur, une atmosphère humide et rance nous enveloppa. Les pièces de derrière étaient obscures, les fenêtres donnant sur la falaise où s’étendait un petit jardin cultivé. En revanche, la maison présentait beaucoup de commodités comme lieu de refuge. On pouvait se glisser inaperçu jusqu’au bord du lac, libre dans toutes les directions. Pour éviter la douane, on pouvait gagner l’Italie, en canot.

« Bakounine me racontait qu’ « eux » (les révolutionnaires italiens), et lui, allaient y installer une