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biografico delli scrittori contemporanei. » (Firenze, 1880) ont pour but d’expliquer le motif de cette brouille. Mais comme ils pourraient avoir un caractère trop partial, il serait utile de les contrôler.

« Le hasard voulut, raconte De Gubernatis, qu’à la fin de 1864 et au commencement de 1865, dans la maison du célèbre réfugié hongrois F. B. Pulski, je fis connaissance du socialiste russe Michel Bakounine.

« Il buvait en ce moment la grande tasse de thé qu’on lui servait d’habitude, en considération de sa capacité digestive. Autour de lui s’était formé un cercle d’auditeurs très différents, qui écoutaient sa parole facile, riche en faits, remplie d’esprit et de savoir. Il connaissait beaucoup de gens et beaucoup de choses et il parlait volontiers, en connaissance de cause, de la philosophie de Hegel.

« Un soir qu’il avait remarqué que je l’écoutais attentivement, il parut s’adresser à moi tout spécialement, bien que je ne lui eusse pas été présenté. Il semblait qu’il voulût m’attirer par son regard. Comme il parlait de Schopenhauer, il s’interrompit brusquement, tout à coup, en disant. « Mais pourquoi vous parlerais-je de la doctrine de Schopenhauer ? Dans cette assistance il y a quelqu’un qui pourrait nous en dire plus long, car il saurait nous indiquer la source où Schopenhauer a puisé ses idées. » Et il me désigna (De Gubernatis était déjà professeur de sanscrit et de littérature).

« De cette manière je fus découvert et me laissai facilement entraîner. Alors Bakounine se leva, s’ap-