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tés, de supprimer les contradictions, et sans le combler, de jeter à travers l’abîme le pont du diable… »

Herzen raconte ainsi son séjour en Suède :

« Bakounine était en Suède, où il avait noué partout des relations. Il cherchait à se frayer des voies en Finlande ; il s’occupait des moyens d’introduire la Cloche et des livres en Russie ; était en communication avec les représentants de tous les partis polonais. Reçu chez les ministres et chez le frère du roi, il persuada à tout le monde que l’on verrait bientôt en Russie un soulèvement des paysans, et que dans tout le pays il y avait une grande fermentation des esprits. Cela lui était d’autant plus facile que lui-même croyait sincèrement, sinon à la grande extension, du moins à la force toujours croissante du mouvement. Personne ne songeait encore à l’expédition de Lapinski. Le but pour lequel Bakounine était allé en Suède, était d’y tout organiser, après quoi il se rendrait secrètement en Pologne et en Lithuanie » .

Herzen ne mentionne pas pourquoi Bakounine ne mit point ce projet à exécution. D’après les lettres de Bakounine lui-même, il faut croire qu’il avait renoncé à ce voyage, après s’être convaincu que les chefs de l’insurrection polonaise avaient beaucoup plus de peur de sa révolution que du gouvernement russe lui-même.

À la fin de 1863, Bakounine était venu pour quelque temps à Londres d’où il repartit, en 1864, pour Florence. Pendant son séjour dans cette première ville, il rencontra Marx et donna sur cette rencontre avec lui le récit suivant[1] :

  1. Texte français de Bakounine (Trad.)