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naire, voulait arriver à la lutte effective ; de là ses sympathies pour l’insurrection polonaise, sympathies qui se révélèrent avec plus d’intensité que ne pouvaient le faire soupçonner ses points de vue théoriques.

Les lettres suivantes nous montrent que, peu de temps après l’arrivée de Bakounine, il y eut divergences d’opinions entre lui et l’éditeur de la Cloche. Herzen raconte ainsi l’attitude de Bakounine envers la Cloche.

« À Londres, il commença d’abord à révolutionner la Cloche ; en 1862, il nous faisait les mêmes reproches qu’à Biélinski, en 1847. On y délaissait trop la propagande ; on devrait l’amener absolument à l’action ; il serait nécessaire d’organiser des comités, de créer des centres ; il faudrait des « frères », complètement initiés et des demi-initiés ; une organisation russe, une organisation slave, une organisation polonaise. Bakounine trouvait que nous étions trop modérés, que nous ne savions pas profiter de notre position et que nous n’étions pas assez enclins à l’emploi des moyens énergiques. D’ailleurs, il ne perdait pas courage et espérait toujours nous ramener dans la bonne voie.

« En attendant le temps où nous serions convertis, il réunit autour de lui un cercle de Slaves. Parmi ceux-ci il y avait des Tchèques, des Serbes… enfin, un Bulgare, un médecin attaché à l’armée turque, des Polonais de toutes les paroisses : des bonapartistes, des partisans de Mieroslawski, de Czartoryski ; des démocrates sans idées socialistes, mais se donnant des airs d’officiers ; des socialistes, des catholi-