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lier, et qu’elle l’avait aidé à s’évader, etc. (B. Malon, L’Internationale. « Nouvelle Revue », 1884, 15 février, 750, etc.).

Ce fut, au contraire, un simple départ et non une évasion.

Il jouissait en Sibérie de la liberté la plus complète et avait la facilité de se déplacer. Il quitta Irkoutsk sans la moindre entrave, s’embarqua sur l’Amour et partit.

À propos du départ de Bakounine de la Sibérie, Kaveline écrivit à Herzen : « Je plains ce monsieur, mais j’avoue que j’ai peu de confiance en lui et que je ne m’attends à rien de bon de sa part. La façon dont il a quitté la Russie n’est pas des plus jolies, mais des plus malhonnêtes. » Mme  Toutchkoff-Ogareff raconte qu’à son arrivée à Londres, Bakounine dit, en effet, ceci : « Il est vrai de dire que j’en suis honteux ; pour conquérir cette liberté, j’ai dû tromper des amis » (« Antiq. russes », 1894, IX, 28).

À la fin de 1861 (27 décembre), Bakounine arriva à Londres, où il fut reçu à bras ouverts par Herzen et Ogareff. Cependant, nous tenons d’une personne ayant approché Herzen de très près, que celui-ci appréhendait certaines complications que l’apparition de Bakounine allait apporter dans sa propre action. Cette affirmation s’accorde parfaitement avec le récit de Mme  Toutchkoff-Ogareff : « Après avoir lu la lettre de Bakounine, envoyée d’Amérique, Herzen dit à Ogareff : « Je te l’avoue, l’arrivée prochaine de Bakounine me donne de grandes inquiétudes ; assurément, il va gâter notre affaire. »