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le mouvement populaire, à Dresde, prendre de l’extension. La contrerévolution triompha, et le gouvernement provisoire se réfugia à Chemnitz. Heubner et Bakounine y furent arrêtés et conduits à Kœnigstein ; ils comparurent devant le tribunal qui les condamna à mort pour crime de haute trahison.

« Interrogés, s’ils demanderaient leur grâce au roi, Bakounine répondit « qu’il préférait être fusillé ». Néanmoins, il fut gracié ; mais alors sa participation à la Semaine de la Pentecôte, à Prague, lui valut son extradition pour l’Autriche, sous la réserve, que l’interrogatoire terminé, il serait ramené en Saxe, ce que je ne pourrais, cependant, garantir. Comme il se refusait obstinément à donner aucune explication sur sa participation aux événements de Prague, la Russie obtint son extradition. »

L’empereur de Russie demanda à Bakounine de lui confier ce qu’il savait des affaires slaves, ainsi qu’il le raconte lui-même, dans une de ses lettres. À ce propos, Herzen nous apprend (« Œuvres posthumes ») qu’après avoir lu la lettre de Bakounine, Nicolas Ier dit : « C’est un brave garçon, plein d’esprit ; mais, c’est un homme dangereux, il faut le garder sous les verrous » .

Dans les « Souvenirs » du ministre de Saxe à Pétersbourg, le comte Vitzthum von Eckstædt, nous trouvons les renseignements suivants sur Bakounine, durant son incarcération à Saint-Pétersbourg. Cet agent diplomatique raconte la conversation qu’il eut à cette époque avec le prince G…, chef de la police secrète à Pétersbourg.

Le prince lui dit des choses absolument fantaisistes