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vante, que Bakounine allait être délivré, effrayèrent le gouvernement, qui le fit transférer à Olmütz. Il y resta pendant six mois, enchaîné et rivé au mur. Pour la deuxième fois les tribunaux autrichiens le condamnèrent à mort ; cependant, au mois d’octobre 1851, il fut livré par l’Autriche au gouvernement russe (La Cloche nos 119-120).

Arnold Ruge nous raconte (dans la Neue Freie Presse), la vie de Bakounine depuis son arrivée à Prague jusqu’au moment de son extradition d’Autriche en Russie :

« On sait quel était l’esprit de son langage à Prague. Qu’il se soit bravement battu, cela m’a été rapporté de différents côtés par des Polonais, qui étaient venus à Francfort et j’en ai fait publier le récit pour notre assemblée.

« Lorsque, pour diriger la « Réforme », je quittai Francfort et me rendis à Berlin, j’y trouvai aussi Bakounine. Après les événements de Prague, il menait, en quelque sorte, une vie de vagabond et ne réussissait pas toujours à sauver ses bagages. Cela l’amenait nécessairement à manquer d’élégance dans sa toilette. Un de nos jeunes amis « de la descendance d’Abraham » qui en avait entendu faire l’observation dans une société, ayant rencontré un jour Bakounine à la rédaction du « Reform », s’avisa de lui reprocher la négligence de son costume et l’exhorta à se corriger de ce défaut. C’était une scène tout à fait comique. Bakounine, qui, évidemment, tenait à conserver son indépendance jusque dans sa toilette, toisait du haut en bas, d’un œil étonné, ce conseilleur et s’écria :