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« Je répondis que j’étais très occupé et ne pourrais le recevoir avant quelques heures. Là dessus, le messager me remit une carte de Bakounine. Je ne pus résister. Je m’élançai dehors et le trouvai dans un fiacre.

— « Viens donc ! me cria-t-il ; laisse là tes « philistins », nous irons à l’Hôtel de Pologne. J’ai un tas de choses à te conter. »

« Je protestai, en le priant de m’accorder deux heures au moins. J’étais absolument persuadé qu’on me jouerait un mauvais tour si je ne me trouvais pas présent, et même qu’on en profiterait pour rayer mon nom de la liste des candidats. Il arrivait là pour les aider, comme Dieu aida Élie.

— « Viens, mon vieux ; nous allons boire une bouteille de champagne ; laissons-les nommer leurs candidats comme il leur plaira. C’est égal, il n’en sortira rien — un exercice oratoire — voilà tout ! Est-ce que tu prêtes à cette réunion une importance quelconque ? »

— « Ma foi, pas trop grande. Toutefois on ne peut pas les laisser comme cela. Ils ne s’en tireraient pas tout seuls. »

— « Enfin, fais-le par pitié pour moi. Et si l’affaire tournait mal ? Eh bien ! si tu n’y assistes pas, tu n’en assumeras pas les responsabilités. Viens donc, prends place ! »

« Je me laissai entraîner. Et, comme je l’avais pressenti, le Vaterlandsverein abandonna ma candidature.

« Bakounine n’était pas content de Paris.

— « Ne vas pas t’imaginer que votre Saxe seule détient tous les « philistins ». Paris en fourmille