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tion et ne restent pas étrangers aux mystères de la logique des Grecs et des Allemands, se rappellent des paroles prophétiques de Jules Élizard, énoncées dans les derniers numéros des « Deutsche Jahrbücher ».

Et plus loin :

« … Après son départ de Dresde[1] il se trouvait dans l’obligation, à son tour, de compter aussi avec les nécessités matérielles, et moi-même je me vis parmi ces philistins qui durent s’en ressentir. Sa famille l’abandonna à ses propres ressources ; il partit donc, fuyant non seulement les poursuites des autorités russes, mais encore pour se dérober à ses manichéens, comme disent les étudiants[2]. Sa négation sur un point si substantiel, m’éloigna de lui, et lorsque, au mois de février, son père se refusa à me payer le billet que le fils m’avait souscrit, mes yeux furent dessillés et je me vis la dupe de notre Bruderschaft au nom de Hegel. Cependant, je ne lui en ai pas gardé rancune. Après la disparition des « Jahrbücher » je rencontrai de nouveau Bakounine à Paris ; nous nous réconciliâmes, mais dans nos relations les questions d’argent furent, depuis, expressément écartées.

« En revanche, dans la théorie, la question économique devint la base fondamentale de nos discussions, et nous abordâmes toutes les formes du socialisme. Mes opinions différaient sur ce point de celles de Marx, tandis que Bakounine s’alliait à lui et aux communistes. Cependant, lorsque je le rencontrai plus

  1. Lorsque Bakounine, après avoir donné l’hospitalité à Herwegh, fut obligé de quitter la Saxe. (Trad.)
  2. En allemand, Manichaer veut dire aussi créancier. (Trad.)