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nies de documents authentiques[1]. Aussi, la lettre de Bakounine publiée ci-après, correspond-elle parfaitement au caractère général de ce récit. Elle nous démontre en même temps les idées de Bakounine vieilli, après ses nombreuses désillusions, et dont il ne fut pas toujours inspiré au cours de ses essais révolutionnaires. Nous ne saurions mieux terminer notre volume qu’en reproduisant cette lettre de Bakounine (Drag.).



LETTRE DE BAKOUNINE À R-S.


21 octobre 1874. Lugano.


J’ai reçu ta lettre. Quant à l’amitié, mon R-s, n’en parlons plus. Après tous tes agissements contre moi — je les connais maintenant dans les moindres détails — nous appeler amis, serait odieusement mensonger de la part de chacun de nous. Tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir pour me tuer physiquement, moralement et socialement en feignant jusqu’à la fin d’être mon ami, et si tu n’y as pas réussi, cela ne tient pas à toi.

Le perspicace et intelligent Cafiero n’était qu’un instrument dans ta main, c’est toi qui en étais l’inspirateur. J’aime à croire que tu te trompais toi-même, en prenant les inspirations de ton ambition impatiente et vraiment trop immodérée pour du dévouement à la cause. Il est indéniable — tu dois te l’avouer du moins, — que tu as agi envers moi comme le pire de mes ennemis. Et malgré cela je persiste à croire à ton dévouement à la cause russe, à te croire capable de la

  1. Nous trouvons un récit succint sur la « Tentative de Bologne », dans l’article de B. Malon, l’« Internationale » (La Nouvelle Revue, 1881, 15 février, 762). À ce que nous avons ouï dire, Bakounine blâma l’« l’abstention » de participation à la Révolution en Espagne en 1874, dont parle Malon (Drag.).