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comme sur des roulettes. On n’aura pas à l’attendre longtemps.

Vouloir, c’est pouvoir.

Et toi, mon vieux, fais de la copie, écris toujours et envoie-nous de tes feuillets. Tes paroles ne seront pas perdues et ne sauront échapper à la presse de l’imprimeur.

Tu me demandes ce qui se passe à Zurich ? À cette question, je vais te répondre comme suit : Depuis mon arrivée ici, il s’est produit une scission dans la jeunesse russe. Je n’y suis pour rien, bien entendu, l’honneur en revient à monsieur L…, un certain philosophe, qui vient de Paris dans l’intention de fonder ici une revue. Ce L…, a élaboré son programme et l’a fait imprimer. Mais l’esprit en était faux et tellement détestable que Bakounine, Zaïtzeff, moi, de même que les meilleurs représentants de la jeunesse russe ici, nous en eûmes tous la nausée et nous décidâmes de nous détacher de L…, et de sa clique. Imagine-toi que dans son programme, il déclare la révolution un mal et qu’il prêche la légalité !…

Qu’en penses-tu, avons-nous eu raison de nous faire schismatiques ?

Je t’embrasse, encore une fois.


Tout à toi, N. Sokoloff.


P.-S. — Mon adresse : Zürich, Fluntern, Wiesenstrasse, bei Frau Steinfels, n° 1.


Nota. — En 1872-1873, résidèrent en Suisse (principalement à Zurich), plus de deux cents jeunes gens et jeunes filles russes. La grande majorité se composait d’étudiants et d’étudiantes parmi lesquels se trouvaient aussi nombre de réfugiés