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sert à rien. Je ne me suis pas seulement donné la peine d’y répondre. Laissons les chiens aboyer à leur gré.

Voilà cher ami, le tableau de ma vie actuelle. Tu comprendras, à présent, que je ne pouvais avoir grand’envie d’écrire. Je finis mes jours dans la lutte et je lutterai tant que mes forces ne m’abandonneront pas.

Adieu, je t’embrasse, de même que tous les tiens. Enfin, les journaux russes me sont arrivés. Je te les renverrai, mais non affranchis. Je n’affranchis même pas cette lettre. Remets celle qui y est jointe à O. Il est prolétaire comme moi, donc on ne peut pas lui envoyer des lettres non affranchies.


Ton M. B.


Vous avez eu la visite de Zaïtzeff, il paraît que c’est un homme de bien.


Nota. — Irrité contre Al. Al. Herzen, à la suite d’un différend qu’ils eurent à Stockholm et surtout, après la publication des « Œuvres posthumes » de son père où est inséré un article sur Bakounine, celui-ci lui attribua des « vilenies » qui n’avaient jamais eu lieu et qui ne pourraient même avoir aucune raison d’être. Faudrait-il insister sur ce fait que l’article de feu A. I. Herzen « M. B. et l’affaire polonaise », publié dans ses « Œuvres posthumes », d’ailleurs, très sympathique à Bakounine, est bien loin d’être une « diatribe » et que les présentes lettres justifient parfaitement les faits qui y sont rapportés.

Cependant, cette critique de Herzen, à propos de son action dans l’affaire polonaise, ne devrait nullement étonner Bakounine, attendu qu’il la lui avait déjà adressée dans ses lettres avec beaucoup plus de franchise et de violence.

D’après les lettres de Herzen, écrites à Ogareff, pendant les dernières années de sa vie, de même que d’après celles d’Ogareff, on peut voir qu’à cette époque, Bakounine était en