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probablement tu ne les suis pas jusqu’au bout. Tu me dis que tu as reçu la fin de ma brochure, tandis que, dans ma lettre accompagnant mon dernier envoi, je t’écrivais que tu allais recevoir encore beaucoup et beaucoup de ces feuillets, de sorte que cela ferait tout un volume. Il y en a encore une quarantaine de terminés. Si je ne te les envoie pas de suite, c’est que je dois les avoir sous la main, avant de finir mon exposé d’une question très délicate, et je suis encore bien loin de voir la fin de mon ouvrage. Je t’en prie, cher ami, occupe-toi sérieusement de cette affaire ; si tu y apportes de la négligence, tu la rendras inutile. En premier lieu, il faut que tu saches que je ne fais pas ce travail fiévreusement et que je ne m’empresse pas comme O. de le faire publier le plus vite possible. Si j’avais l’intention d’influencer l’opinion publique, actuellement ou dans un avenir prochain, j’aurais procédé comme lui. Mais je ne poursuis pas ce but ; pour le moment je ne me le pose pas, parce que je n’ai plus foi en ce qu’on puisse changer l’état actuel des choses en faisant des brochures, quelle que puisse être leur valeur, ni même par des actes et des faits immédiatement mis en pratique. À mon avis, aujourd’hui dans la politique française, le système inauguré par Gambetta, et qui est tout à fait faux, est en plein succès. Il a triomphé sur le nôtre et l’a supplanté, si bien, que Gambetta lui-même voulût-il en changer, il n’arriverait qu’à perdre la France. Son système a acquis plus de force que son action personnelle. Que ce système soit bon ou mauvais, il doit irrésistiblement, suivre sa marche et porter ses fruits, avant qu’il soit possible de le supprimer.

C’est pourquoi, je ne me hâte nullement, à propos de cette publication. Je fais une esquisse pathologique