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personne, à votre insu. Pour y arriver, il vous espionnera et tâchera de s’emparer de tous vos secrets, et, pour cela, en votre absence, resté seul dans votre chambre, il ouvrira tous vos tiroirs, lira toute votre correspondance, et quand une lettre lui paraîtra intéressante, c’est-à-dire compromettante à quelque point de vue que ce soit, pour vous ou pour l’un de vos amis, il la volera et la gardera soigneusement comme un document contre vous ou contre votre ami. Il a fait cela avec O., avec Tata et avec d’autres amis, — et lorsque eu assemblée générale nous l’avons convaincu, il a osé nous dire : « Hé bien, oui ; c’est notre système, — nous considérons comme des ennemis, et nous avons le devoir de tromper, de compromettre toutes les personnes qui ne sont pas complètement avec nous », c’est-à-dire, tous ceux qui ne sont pas convaincus de ce système et n’ont pas promis de l’appliquer eux-mêmes.

Si vous l’avez présenté à un ami, son premier soin sera de semer contre vous la discorde, les cancans, l’intrigue, — en un mot de vous brouiller. Votre ami a une femme, une fille, il tâchera de la séduire, de lui faire un enfant, pour l’arracher à la moralité officielle et pour la jeter dans une protestation révolutionnaire forcée contre la société.

Tout lien personnel, toute amitié, toute…… sont considérés par eux comme un mal, qu’ils ont le devoir de détruire, — parce que tout cela constitue une force qui, se trouvant en dehors de l’organisation, secrète, amoindrit la force unique de cette dernière. Ne criez pas à l’exagération, tout cela m’a été amplement développé et prouvé. Se voyant démasqué, ce pauvre N. est encore si naïf, si enfant, malgré sa perversité systématique, qu’il avait cru possible de me