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ÉPÎTRE AUX AMIS DE GENÈVE


Jeudi. 1870, Berne.


Mes chers amis,


Voici le résultat de mes pourparlers et de mon action à Berne. Je vous dirai, en premier lieu, que je n’ai vu personne, excepté les frères Vogt, parce que l’avis commun était que ces démarches seraient infructueuses. Adolphe Vogt, appuyé du concours de son frère Gustave, se chargea d’être l’avocat infatigable dans l’affaire de N. et de S.

Voilà quelle est la situation de l’affaire N.[1]. Le Bundesrath Knüsebeck a dit à Reichel, que dans aucun cas le Conseil Fédéral ne voudrait accorder son extradition, mais qu’il ne pourrait en empêcher le Conseil Cantonal de Genève, si celui-ci s’avisait de le faire. L’opinion d’Émile Vogt est celle-ci, qu’il ne faut compter ni sur l’un ni sur l’autre Conseil : que le gouvernement cantonal aussi bien que le gouvernement fédéral ne se ferait pas scrupule de l’extrader, une fois qu’il aurait mis la main sur lui. Au contraire, Gustave et Adolphe estiment que l’extradition est devenue impossible à cause du retentissement que cette affaire a eu dans le pays. Ils demandent que nous fassions tous nos efforts pour lui donner encore une plus large publicité. Tous les membres du Conseil Fédéral se retranchent derrière leur parfaite ignorance surtout ce qui concerne N., à l’exception de l’avertissement que le Conseil a reçu de l’ambassade russe qui poursuit Nétchaïeff comme un criminel de droit commun. C’est pourquoi :

  1. Nétchaieff (Trad.).