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plus de chaleur, unissons-nous Ogareff, plus étroitement. Car deux vies, bien qu’usées, en se ralliant l’une à l’autre seront encore capables de donner de la lumière et de la chaleur, de produire une force active. Le veux-tu ? De mon côté, j’y suis tout prêt.

Si Marie est atteinte de phthisie, elle doit prendre garde à sa santé. À son âge, ce mal ne fait pas de grands ravages lorsqu’on se soigne bien. Et, peut-être, n’est-ce pas du tout la phthisie. Qu’elle ne néglige pas seulement sa santé ; elle est a very good lady.

Tu peux bien aller au café, mais il faut que tu connaisses la mesure juste. Tu n’es pas un anachorète, pas plus qu’un ascète, — tu ne le fus jamais et ne pourrais le devenir, — « chassez le naturel, il revient au galop ». Seulement, il faut savoir observer la mesure. Eh ! mon vieux, tout le secret, semble-t-il, est dans la mesure.

Cela ne doit pas t’étonner qu’O-off ait de l’affection pour toi. Je puis témoigner que lui-même et sa femme, t’ont pris en grande amitié et qu’ils te donnent tout leur cœur. Ne repousse pas cet homme. C’est un tempérament sanguin ; parfois, il est léger et peu prudent, mais il est plein de vie, d’énergie, d’esprit et de vouloir. Il est sincèrement dévoué à la cause, et à l’occasion, il pourrait lui rendre de grands services. Ne le dédaigne donc pas, ménage-le, accorde-lui quelque amitié.

Je suis content que Joukovski, lui aussi, te soit attaché. Crois-le bien, cet homme a un cœur d’or, plein d’affection et de dévouement. Il est prêt à donner tout ce qu’il possède jusqu’à faire sortir le dernier sou. Il manque de caractère, c’est vrai ; il est trop doux, trop impressionnable ; toujours, à la recherche de nouvelles sensations, il se plaît à les produire aussi chez