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dans le cas où tu voudrais t’en charger, te sera, certes, assez pénible, mais, d’un autre côté, il ne sera pas sans intérêt. Peut-être, en lisant cette œuvre, une noble ardeur s’éveillera en toi, ou encore, sera-ce un sentiment d’indignation qui te suggérera l’idée d’y mettre une « Préface » de toi, pas trop violente, bien entendu, et n’ayant pas l’esprit de négation absolue — ce qui nécessiterait de la publier à part — mais dans laquelle, tout en protestant contre les idées exposées, tu les approuverais en partie. Alors, je répondrais par une « Post-préface », et Ogareff, à titre de « jury d’honneur » prononcerait son verdict. Peut-être, le livre en aura-t-il l’aspect quelque peu étrange et présentera quelque chose dans le genre de « Notre Dame de Paris », non pas celle de Hugo, mais de la ville de Paris, toutefois il aura plus d’intérêt et gagnera en valeur que n’ont pas les chefs-d’œuvre du radicalisme bien pommadés et du très correct socialisme. Si les bourgeois s’en détournent, la classe ouvrière le lira, j’en réponds. Et cela me suffira complètement, car, je te le répète, il n’existe pas d’autre public pour moi.

Adieu et réponds-moi, en attendant, par Ogareff, ou à Lugano, poste restante. Je t’enverrai mon adresse plus tard.


Ton M. Bakounine.


Je ne crois pas qu’un mouvement puisse se produire prochainement à Paris et en France et je ne le désire nullement. Écris-moi, je t’en prie plus amplement sur tout ce qui s’y passe. Comment as-tu trouvé Rey ? C’est un bien brave garçon. Seulement il reste encore suspendu dans les airs entre le ciel