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russe. Non ; c’est le privilégié désœuvré, c’est l’officier en retraite, l’écrivain de village, le pope et le petit propriétaire terrien, qui reviennent ici sur l’eau, travestis en nihilistes. Ces rustres filous qui, par leur manière canaille[1], justifièrent les mesures du gouvernement contre eux, ce sont des ignorants, que les Katkoff, les Pogodine, les Aksakoff, etc., se montrent du doigt. Ces gens ont déchaîné toute leur haine contre moi, et, en ce qui me concerne, ils en ont trois fois autant qu’ils n’en portent à Skariatine lui-même ou, pour mieux dire, ils sont jaloux de moi, ils voudraient me voler, ils ne peuvent pas digérer le côté esthétique de mes articles. Toi et Ogareff, vous avez réchauffé ces scorpions dans votre sein. — C’est bien juste, caro mio, penses-y. Ils n’ont pas d’avenir ; c’est le jeune frère vénérien, qui est condamné à mourir, et, auquel succédera un autre frère plus jeune, et plus malade encore.

Nous avons fait notre Campo-Formio avec Tourguéneff. Il m’a écrit mit zärtlichkeit — je lui ai répondu mit Gemüthlichkeit, — et cela malgré ma violente critique sur son livre La fumée ».

Et voici ce que lui répondit Bakounine[2] :


Nota. — Le fait que Bakounine avait montré aux personnes étrangères la copie de cette lettre de Herzen et de la réponse qu’il lui avait faite, laisse supposer que dans cette

  1. Cette gentillesse fut ajoutée après que la lettre était écrite. Le joli mot est écrit dans l’original, au-dessus de la ligne (Drag.).
    Ce « joli mot » n’est qu’un très gros juron russe, intraduisible, que nous avons rendu par l’expression « canaille » (Trad.).
  2. Suit la copie de la première partie de la lettre de Bakounine que nous avons publiée précédemment (Drag.)