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goûtés en Russie. Qu’importe qu’on n’en vende pas plus de 500 exemplaires ? cela nous donne tout au moins 3000 lecteurs. Et ce n’est pas une bagatelle que de pouvoir, par le temps qui court, parler librement à 3000 Russes. À votre place, je n’aurais pas suspendu le journal mais j’en aurais changé, non le programme lui-même, mais la note, la manière d’écrire ; je me serais moins gêné avec les autorités et j’aurais laissé libre essor à cet implacable humour qui t’es propre, Herzen ; tu as eu tort d’y mettre un frein, c’est cela qui t’a enlevé de ta force. Eh ! mes amis ! réfléchissez-y bien, et continuez toujours.

Mroczkovski m’écrit que tu as l’intention d’aller en Italie au mois de juin et même de passer à Naples. Viens, Herzen, nous causerons avec toi sur bien des choses.

Pourquoi ne m’envoies-tu donc pas la brochure de Serno-Solovievitch[1] ? Tu me demandes si j’aurai assez de courage pour l’attaquer avec toute sa clique ? Vraiment, je ne comprends pas ta question. Si, en effet, il était besoin, de les attaquer, pourquoi aurait-on à se gêner avec eux ? Envoie-moi son pamphlet et la liste de tous les Russes, qui, actuellement, séjournent à Genève, en y ajoutant des caractéristiques sur chacun d’eux. Je te donne ma parole d’honneur que je ne montrerai ta lettre à personne et que je la brûlerai même immédiatement après l’avoir lue. Envoie-moi donc cette brochure. Embrasse pour moi Ogareff.


Ton M. B.
  1. Pamphlet contre Herzen de Serno-Solovievitch « Unsere Russichen Angelegenheiten. » (Drag.).