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des principes de la Révolution qui, en politique, prennent le nom de conservateurs ; en droit, — d’école historique, et, dans la science spéculative, — d’école de philosophie positive ». L’auteur oppose à cette catégorie la négation qu’il voit dans la devise : Liberté, égalité, fraternité, formulée par la Révolution française et qui signifie : « la destruction complète de l’ordre politique et social actuel. »

Il attribue la même signification aux sociétés socialistes et religieuses, surgies en Angleterre et en France « totalement étrangères et opposées au monde politique d’aujourd’hui, leur existence reposant sur des bases encore inconnues ».

« L’air est lourd et porte la tempête dans ses flancs, c’est pourquoi nous faisons cet appel à nos frères aveuglés : faites pénitence, ô faites pénitence ! le règne du Seigneur est proche ! — Nous disons aux positivistes :[1] Ouvrez les yeux de l’esprit, laissez aux morts le soin d’enterrer leurs morts et comprenez enfin, que ce n’est pas dans les ruines qui vont s’effondrer, qu’il faut chercher un esprit rénovateur, éternellement jeune, l’éternel nouveau-né… »

« Soyons donc confiants en cet éternel Esprit qui détruit et anéantit, parce que réside en lui l’éternelle source de tout ce qui vit. L’atmosphère de la destruction est en même temps celle de la vivification. »

Cette œuvre de Bakounine, accompagnée d’une annotation de la rédaction de la Revue, très flatteuse

  1. Il ne faut pas prendre le nom de positivistes dans le sens d’adeptes de la doctrine d’Auguste Comte ; il s’adresse aux conservateurs parce qu’ils ne veulent rien rejeter.