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Tourguéneff et Michel Bakounine, qui, en même temps, faisaient leurs études historiques et philosophiques à Berlin. Tous les deux étaient des adeptes enthousiastes de la philosophie de Hegel, qui nous apparaissait être la clef de la connaissance de l’univers.

« … En bons compatriotes, nous nous rapprochâmes bientôt les uns des autres, nous réunissant deux fois par semaine, tantôt chez moi, tantôt chez les deux amis, qui demeuraient ensemble, pour étudier en commun la philosophie et discuter à ce sujet.

« De bon thé russe, chose rare dans le temps à Berlin, et des sandwichs composaient l’assaisonnement matériel de nos soirées. Jamais la moindre quantité de vin ne figura à ces réunions et cependant, souvent l’aube naissante nous surprenait à discuter. Durant ces débats, Tourguéneff restait sur le terrain historique et jamais je ne l’ai entendu émettre l’idée, que l’abolition du servage en Russie fût un but poursuivi par lui, ou même son vœu le plus ardent, comme on se plaît à l’affirmer à présent.

« Bakounine lui-même, qui, dans ses désidératas, allait bien plus loin, n’espérait voir l’affranchissement des serfs que dans un avenir encore éloigné. »

Au mois d’avril 1841, Katkoff écrivit à Kraévski, que Bakounine était disposé à donner des articles pour Les Annales patriotiques. Peu de temps après, il lui écrivait encore que Bakounine préparait un ouvrage ayant pour titre : « De l’état actuel de la philosophie en Allemagne. »

Longtemps après, en 1870, Katkoff raconta la participation de Bakounine à la retraite aux flambeaux