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j’ai été, pour ainsi dire, son créateur ou, si vous aimez mieux, je l’ai déterré. Je l’ai délivré du joug cosaque et je l’ai envoyé à Pétersbourg. Avec sa face vulgaire, c’est un jeune homme extrêmement intelligent, loyal et énergique ; c’est un travailleur qui ne connaît pas la fatigue, qui n’a pas de vanité et qui agit sans faire des phrases. Ce serait bien dommage s’il devait périr… et il paraît que ce sort lui est réservé. On nous ravit nos amis pour les perdre et la noire izba russe, qui, selon vous, présente la solution de toutes les questions sociales, dort toujours, comme elle a dormi pendant des siècles, stérile et inerte sous la pression de l’État ; et longtemps encore elle sera envahie de ce sommeil stupide. La question sociale en Russie n’avancera point d’un seul pas tant que cet État survivra. Et si par hasard elle marchait, ce ne serait que pour dévier de la grande route ou pour reculer, mais nullement pour marcher en avant.

Soyez mes bienfaiteurs, envoyez-moi le livre sur les Molokaniés qui vient de paraître chez vous ; et, si c’est possible, dans le cas où le sacrifice ne serait pas trop grand, joignez-y le Stoglav.

Vous avez mon adresse en tête de ma lettre ; mais si vous aviez à me communiquer quelque chose de confidentiel, en voilà une autre : Napoli — 13. Strada Fontana Médina, 2e piano. Miss E. Reeve, for Miss Antony.

Je me suis très lié avec cette Miss ; en effet, c’est une excellente personne, pleine d’esprit, en même temps c’est une femme charmante et d’un tempérament très gai. Mais son école d’enfants superbement méditée, dans sa réalisation est cosi, cosi

Salut respectueux et amical à Natalia Alexéewna,