Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

élections parlementaires, mais selon toutes les apparences, la nouvelle Chambre sera plus mauvaise encore que la précèdente, et d’ores et déjà, on peut présager qu’après la lune de miel du nouveau Parlement la réaction prendra un plus grand essor, si quelque événement extraordinaire et tout à fait imprévu ne se produit en Europe. Alors la vie en Italie ne nous sera pas facile. Maria Nicolaevna (la grande-duchesse) va décidément devenir sujette italienne. Elle a acheté la villa de Demidoff, près de Florence, et elle se propose, semble-t-il, de rester en Italie jusqu’à la fin de ses jours. Le bruit du mariage de sa fille avec Humbert a couru de nouveau ; il va donc s’établir une grande amitié entre les deux maisons, royale et impériale, qui se rendront par conséquent, mutuellement, de petits services. Et pour nous, il n’est que temps de déguerpir. Avec cela, après un long silence, j’ai l’intention de reprendre ma plume de publiciste. Dans ma réapparition, je débuterai par une lettre au directeur du Temps ou de l’Opinion nationale ; il est probable que je m’adresserai au premier à l’occasion d’une lettre injurieuse écrite contre toi, Herzen, par un certain A. de Moller, dans le Nord du 12 septembre.

J’avais écrit un article réfutant le socialisme pacifique, non révolutionnaire, que je destinais à la Cloche. N’en étant pas satisfait, je le refis. Il en sortit une brochure qui, maintenant, devient presque un volume. Cette divergence d’opinion avec vous sur un sujet très important que je vais livrer à la publicité, est pour moi une question très sérieuse. Chaque pensée doit être contrôlée, chaque mot bien pesé, et c’est pourquoi je ne veux pas me hâter. J’aurai fini ma brochure dans un ou deux mois ; alors, je m’adres-